Ce titre est celui d’un édito que Christiane Marmèche avait fait pour le bulletin “Liens” de mars-avril 2001, bulletin édité par l’équipe diocésaine d’Aumônerie de l’Enseignement Public du Val d’Oise (A. E. P.) équipe dont elle faisait partie et où elle était plus spécialement chargée de la formation des animateurs. Pourquoi ressortir cela ? C’est simplement qu’à l’époque il y avait des réflexions sur l’euthanasie, et que des journées sur l’éthique venaient d’être organisées par le diocèse, journées où Sœur Véronique Margron était intervenue et avait mis en avant ce « Croire, espérer, aimer ». Dans ce numéro de Liens il y avait tout un dossier sur la réflexion éthique. Or aujourd’hui encore réfléchir sur la fin de vie est d’actualité !
« Croire, espérer, aimer »
Édito de Liens de mars-avril 2001 (extrait)
Les questions posées par la biologie et la médecine sont décisives aujourd’hui et demandent qu’on leur accorde du temps. Même si la tradition morale nous éclaire, nous n’avons pas de réponse toute faite.
Ce dossier de notre revue comporte une réflexion assez générale sur la morale, avec un point plus précis sur les questions liées au début et à la fin de vie. Il y a des extraits de livres de Xavier Thévenot et des notes prises par les membres de l’équipe d’A. E. P. lors des journées sur l’éthique organisées par le diocèse.
Lors de ces journées Sœur Véronique Margron disait que : « croire, espérer, aimer est le socle sans lequel il n’y a pas de réflexion morale possible ».
Pour ma part, je fais un lien entre « Croire, espérer, aimer » et l’évangile de l’aveugle Bartimée choisi au Frat de Jambville : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ».
- « Confiance » : croire aux autres, à soi-même.
- « Lève-toi » : l’avenir est ouvert, et chacun, quel que soit son état, peut choisir des chemins de vie, se lever pour vivre la rencontre, ressusciter.
- « Il t’appelle » : Jésus est touché par la détresse de ceux qu’il côtoie, il désire passionnément rencontrer chacun… d’autres nous appellent de sa part… et nous-mêmes nous appelons les jeunes à prendre leur vie en main ; nous proclamons ce que Dieu désire. Quand on lit l’Évangile avec foi, on change de point de vue : l’essentiel, ce ne sont pas nos impressions, c’est la promesse de Dieu… c’est l’appel qu’il nous adresse… c’est la confiance que nous lui faisons.
Véronique Margron disait aussi : « La dignité s’atteste et elle est progressive », c’est-à-dire qu’elle est toujours déjà là (par exemple elle s’atteste auprès des plus faibles), et elle est à construire (il y a des façons de vivre plus dignes). Et dans des questions comme celle de l’euthanasie, il ne faut pas laisser tomber le premier aspect.
Cette distinction entre « c’est là » et « ça se construit » se retrouve ailleurs. « Vous êtes morts avec le Christ… mourrez donc » dit Paul en substance. « L’onction que vous avez reçue vous enseigne sur toutes choses », dit Jean dans sa première lettre, mais « éclairez votre conscience ». Et nous pouvons dire : « Nous sommes déjà ressuscités… mais pas encore ».
Saisis par la mort du Christ, nous ne sommes plus sous le régime de la loi mais nous avons besoin de repères pour devenir effectivement libres et responsables. D’où la nécessité de cette réflexion sur la morale.
Puisse ce temps nous faire progresser dans la liberté de l’Esprit, lui qui est la promesse de Dieu, le “présent” de Dieu déjà donné et toujours à demander. Que l’Esprit vienne !
Christiane Marmèche